JEUDI 25 FÉVRIER 2010 à 20H ☞ « La moindre des choses », de Nicolas Philibert
« La moindre des choses »,
de Nicolas Philibert
1996 / 105 minutes / 35 mm couleur / 1,66
Image : Katell Djian, Nicolas Philibert • son : Julien Cloquet • montage : Nicolas Philibert, assisté de Julietta Roulet • musique originale : André Giroud • assistant à la réalisation : Valéry Gaillard • direction de production : Patricia Conord • producteur délégué : Serge Lalou • une coproduction Les Films d’Ici, La Sept-Cinéma • avec la participation de Canal + et du C.N.C. • avec la soutien du Conseil Régional du Centre • en association avec Channel 4, WDR, VPRO, International Film Circuit, Filmcooperative.
Au cours de l’été 1995, fidèlAu cours de l’été 1995, fidèles à ce qui est désormais devenu une tradition, pensionnaires et soignants de la clinique psychiatrique de La Borde se rassemblent pour préparer la pièce de théâtre qu’ils joueront le 15 août. Au fil des répétitions, le film retrace les hauts et les bas de cette aventure. Mais au-delà du théâtre, il raconte la vie à La Borde, celle de tous les jours, le temps qui passe, les petits riens, la solitude et la fatigue, mais aussi les moments de gaieté, les rires, l’humour dont se parent certains pensionnaires, et l’attention profonde que chacun porte à l’autre.
http://www.nicolasphilibert.fr/
« Par un hasard miraculeux, où il faut reconnaître la nécessité qui conduit les plus forts désirs à leur accomplissement, Nicolas Philibert a rencontré à La Borde son propre projet de cinéma à pied d’oeuvre. Cet été-là, dans le parc de la clinique, comme chaque année, on montait une pièce de théâtre, Opérette de Witold Gombrowicz, une joyeuse fantaisie à laquelle tout le monde était invité à prendre part. En filmant les répétitions et une partie de la représentation, Nicolas Philibert s’est retrouvé au cœur même de ce travail de la présentation, qui est l’enjeu de son geste de cinéaste. S’approprier un texte, articuler ses mots, veiller au moment de la réplique, synchroniser ses gestes sur le rythme de la musique pour frapper un tambourin, tout mène, dans cet effort collectif, à l’inscription de chacun dans le présent, à sa domination du moment où, comme on dit au théâtre, c’est à lui. Le plus beau, c’est que cette présence, qui éloigne le spectre de la folie à tel point qu’on ne distingue bien souvent pas les patients des soignants, il est alors possible d’en jouer, de la risquer à cette liberté de l’imaginaire où elle rejoint l’autre, le personnage de fiction comme celui qui en savoure le spectacle. Nicolas Philibert filme cela comme un plaisir vital, bien au-delà de la mesure du bénéfice thérapeutique : La Moindre des choses est aussi un jour de fête et de joie, peuplé de figures qui ont le pouvoir d’être burlesques sans qu’on rie à leurs dépens, parce que dans le rire c’est le propre de l’homme que met en exergue le regard de Philibert, et pas la singulière bizarrerie de la folie. »
Frédéric Strauss – Les Cahiers du Cinéma n° 511 – mars 1997
La clinique de la Borde fondée par Jean Oury et par un groupe de jeunes psychiatres, influencé par la révolution psychiatrique des années 40, puis par mai 68, a cherché « à faire vivre les malades tout en les guérissant ». Ce mouvement, dont le psychanalyste Félix Guattari fut une vibrante figure, prenait en compte la dimension créatrice et productive de la folie, et redessinait, en s’arrachant aux dimensions répressives de la psychiatrie traditionnelle et au conformisme psychanalytique, de nouveaux rapports entre soignants et soignés. Remettant en cause les hiérarchies, les divisions du travail, il plaçait l’institution comme centre du dispositif thérapeutique.
A propos de la Clinique de La Borde
Depuis sa fondation, en Avril 1953, par le Docteur Jean OURY, la clinique de la Borde s’inspire des mêmes « principes » : ceux de la psychothérapie institutionnelle. Survivance d’un passé hospitalo-centriste révolu, ou communauté thérapeutique « dans le vent », clinique de riches ? Rien de tout ça ! Mais de quoi s’agit-il ? De mettre en œuvre tous les moyens qui peuvent permettre l’accès à la singularité de chacun des patients. L’établissement psychiatrique, qu’il soit dans ou hors les murs, est malade. Malade de sa dépendance financière vis-à-vis des structures étatiques ; malade du fait des nécessités inhérentes à sa gestion même (administration, statuts..) ; malade du fait de la fonction qu’il assure pour la société.
À La Borde, le terme « ateliers » englobe, non seulement les activités artistiques, ludiques et corporelles, mais aussi les activités du quotidien, qui vont du ménage, à la cuisine, aux présences dans les infirmeries. L’ambiance contribue à l’efficacité des traitements et des actes médicaux. Chaque être humain est considéré à la fois en tant qu’être singulier, mais aussi en tant qu’être social, même, et surtout, s’il est désocialisé. Ces deux dimensions sont prises en compte dans le traitement.
Plus l’être humain souffre, plus il tend à se renfermer en lui-même, en même temps que sa maladie le coupe d’autrui et de la réalité. D’où l’importance du Club, de ses ateliers, de ses réunions, qui sont autant de lieux de rencontre… Rencontre avec une matière, une technique, d’autres personnes, étayée par la liberté de circulation; circulation d’un lieu à l’autre – inverse de l’errance – favorisant la circulation de la parole.
Tout membre du personnel de La Borde, du médecin au cuisinier, est formé à accueillir la parole du patient, et à y faire face par lui-même, complétant la prise en charge individuelle, singulière, par une personne fixe, aussi bien au niveau du traitement chimiothérapique que de la psychothérapie la plus fine.
Pour en savoir plus : http://www.cliniquedelaborde.com/
Les projections en entrée libre – dans la limite des places disponibles – se déroulent à Paris, dans le 2e arrondissement, près de la rue Montorgueil :
Salle Jean Dame, Centre sportif Jean Dame17 rue Léopold BellanMetro : Sentier (L3) ou Les Halles