JEUDI 21 OCTOBRE 2010 à 20H ☞ « Les Années déclic », un film de Raymond Depardon et Roger Ikhlef
« Les Années déclic »,
un film de Raymond Depardon et Roger Ikhlef
Documentaire – France – 35mm – 1983 – 65′
Un dispositif original qui juxtapose la voix, le visage de Raymond Depardon et ses images, donne à voir le portrait autobiographique d’un fils de cultivateur devenu photographe. L’oeil fixé sur ses souvenirs, il nous raconte vingt ans de sa vie.
A travers un montage réalisé à partir de documents s’étalant sur une période de vingt ans: 1957-1977, Depardon nous offre un témoignage d’une grande richesse sur ces années qui ont bouleversé notre société.
« Les Années-déclics, même s’il n’est pas le premier film de Depardon, est le mythe de fondation de sa vie de créateur. Raymond Depardon n’avait pratiquement aucune chance, au départ, de devenir photographe puis cinéaste. Le fils de paysan, né dans une ferme isolée, a dû tout apprendre par lui-même, et pour lui « compter sur ses propres forces », « ne jamais céder sur son désir », n’étaient pas des phrases apprises dans les livres mais une impérieuse et intime nécessité. Ce très étrange désir, devenir photographe, que rien dans son environnement ne lui désignait, est ce qui lui a permis d’échapper à son destin social et de s’en forger un lui-même, seul, avec la foi du charbonnier et la sagesse du paysan. Une des grandes forces de Depardon aura été de ne compter que sur sa propre expérience pour avancer de film en film. Depuis ses débuts, il a cheminé pas à pas, repartant à chaque fois des petites convictions acquises dans l’expérience précédente, à la façon d’un alpiniste qui assure une prise d’escalade avant de se fixer l’objectif suivant: s’attaquer à quinze nouveaux centimètres. Il a dû rencontrer plus d’une fois, j’imagine, le doute, car il n’est jamais parti des idées qui étaient dans l’air du temps et qui auraient pu le rassurer par le fait d’être partagées par d’autres. A une époque, par exemple, où la doxa voulait que le cinéaste inscrive son point de vue dans son film, et sur son sujet, Depardon filmait sereinement à contre-courant, ou plutôt à côté du courant. Il n’a jamais cherché une communication immédiate illusoire avec les personnes filmées ni encore moins une complicité avec le spectateur sur un point de vue, politique ou idéologique, qu’ils auraient eu en commun, comme cela s’est beaucoup pratiqué dans le cinéma militant ou simplement « engagé ». Chaque plan filmé par Depardon acquiert immédiatement la dignité d’un document sur un fragment de l’humain dans toute sa complexité, et se propose comme la captation d’un morceau de réel sur lequel il s’interdit d’avoir une idée préconçue. Chaque bout de réel saisi par sa caméra et son magnétophone garde, des années et des décennies après, tout son poids de réalité, son opacité vivante, irréductible à toute idéologie. Les films de Depardon vieillissent de ce fait beaucoup moins vite que d’autres documentaires où le réel était déjà en partie pré-pensé. »
Alain Bergala – Festival de La Rochelle 2008
Les projections en entrée libre – dans la limite des places disponibles – se déroulent à Paris, dans le 2e arrondissement, près de la rue Montorgueil :
Salle Jean Dame, Centre sportif Jean Dame17 rue Léopold BellanMetro : Sentier (L3) ou Les Halles