JEUDI 28 AVRIL 2011 à 20H ☞ « La jeune fille au carton à chapeau », une comédie de Boris Barnet
« La jeune fille au carton à chapeau »,
une comédie de Boris Barnet
Film soviétique en noir et blanc, muet (1927)
Avec Anna Sten, Vladimir Fogel, Ivan Koval-Samborski, Pavel Pol, Eva Milioutina
Natacha fabrique des chapeaux à domicile qu’elle livre chaque jour à Moscou. Dans le train, elle fait la connaissance de Ilja, un jeune homme maladroit arrivé de province avec ses paquets de livres, qui bien vite se retrouve sans domicile et se perd dans les rues bruyantes de la ville…
La Jeune Fille au carton à chapeau est la première grande comédie de Boris Barnet. Ce qui frappe ici, c’est la modernité du style, la manière de saisir les rouages d’une micro-société. Dans une même scène, et sans coupe, la situation se nuance, oscille ou bascule d’un sentiment à un autre… Ce film devait révéler la belle et talentueuse comédienne Anna Sten.
« Premier vrai film de Boris Barnet, génie du cinéma soviétique. Un muet hivernal de toute beauté réalisé pour vanter les mérites des bons de l’Etat, sorte de loterie. Inutile de dire que l’ami Boris s’en fiche pas mal et que tout est ici prétexte à montrer la vie des petites gens entre deux gags hilarant. Natacha, jeune chapelière qui ne quitte pas son carton (c’est fou comme ça sert à tout ces choses là), affronte la dure vie moscovite avec un sourire désarmant. La photo est magnifique, Anna Sten aussi qui nous présentera même sur la fin la plus jolie façon possible de draguer un homme rétif.
Du bonheur à la petite cuiller, à voir toute affaire cessante. » (Torpenn pour Sens Critique)
Russe, muet, 1927, inconnu: difficile de rassembler davantage de points faibles pour
avoir envie d’affronter le froid de l’hiver et se traîner jusqu’au cinéma. Pourtant « La jeune fille au carton à chapeau » vaut plusieurs fois cette prise de risque. ‘est un film (trop) court et délicieux qui fait penser à de la neige qui tombe sous un ciel blanc ensoleillé. Cette comédie burlesque a un sens de l’humour aérien. Boris Barnet distille une poésie synthétique de l’espace, des situations et des personnages. On y prend un plaisir simple à observer les personnages se mouvoir au rythme d’un accompagnement musical généreux en émotions.
L’histoire passe presque en arrière plan (le scénario n’est certainement pas le meilleur point du film), un trio amoureux se crée et s’oppose à un couple de nouveaux riches écoeurants par leur avidité. Une histoire de chance, d’amour et de justice. nna Sten est parfaite en jeune Natacha, mélange de naïveté, d’espièglerie, d’indépendance et de générosité.
Le premier chef d’oeuvre de Boris Barnet, commandé par le Commissariat du peuple aux finances ne remplit pas son objectif de stimuler l’achat d’obligations à lots, mais il offre tellement plus: un sentiment de légèreté et de bonheur partagé. e cinéma de Barnet part du réel puis il enrichit et colore sa vision par des touches d’humanité. Finalement très proche du cinéma comique muet américain (Charlie Chaplin, Keaton et Lloyd) des frères ennemis de l’époque. En plus du burlesque américain, on sent les influences complémentaires du constructivisme, et de son maître Lev Koulechov.
En résumé dilettante: c’est une sorte de Chaplin russe qui transmet un univers critique, poétique, humain, sensible, optimiste.
« Je ne suis pas, je n’ai jamais été un homme de théories. J’aime avant tout la comédie, je me plais à introduire des scènes drôles dans un drame et des épisodes dramatiques dans un film comique » explique Boris Barnet qui a clos l’histoire de sa vie par un épisode dramatique: le 8 janvier 1965, Boris Barnet se suicide dans sa chambre d’hôtel. » (blog Zakaru )
Les projections en entrée libre – dans la limite des places disponibles – se déroulent à Paris, dans le 2e arrondissement, près de la rue Montorgueil :
Salle Jean Dame, Centre sportif Jean Dame17 rue Léopold BellanMetro : Sentier (L3) ou Les Halles