JEUDI 20 SEPTEMBRE 2011 à 20H ☞ « L’Homme à la caméra », de Dziga Vertov
« L’Homme à la caméra »,
de Dziga Vertov
URSS – 1929 – N&B – muet – 70’
L’homme à la caméra pourrait se résumer en une seule formule : 24 heures dans la vie d’une ville. Dans un langage cinématographique épuré à l’extrême, il nous montre simplement la vie telle qu’elle est. De tous les points de vue possible, une caméra à l’oeil. Précurseur et fondateur de la technique du documentaire, Vertov nous offre un film fascinant et envoûtant qui est d’une importance capitale pour le cinéma mondial.
Traduction du générique début
L’homme à la caméra, enregistrement sur pellicule en 6 bobines, production VOUFKOU, 1929, extrait du journal de bord, d’un opérateur de cinématographe. A l’attention des spectateurs. Le film que vous allez voir est un essai de diffusion cinématographique de scènes visuelles. Sans recours aux intertitres (le film n’a pas d’intertitres), sans recours à un scénario (le film n’a pas de scénario), sans recours au théâtre (le film n’a pas de décor, pas d’acteurs, etc.) Cette œuvre expérimentale a pour but de créer un langage cinématographique absolu et universel complètement libéré du langage théâtral ou littéraire. Auteur et conducteur de l’expérimentation : Dziga VERTOV, chef opérateur : M. Kaufman, assistante monteuse : E. Svilova.
« Le film évoque d’abord la vie quotidienne d’une grande cité soviétique, (les images ont été tournées à Odessa mais aussi à Kiev et Moscou), et en même temps il célèbre le travail du cinéma. On voit dans l’oeuvre comment se construit le film dans une sorte de mise en abîme; on découvre quelle place occupe le cinéma dans la société soviétique, sa réception même par le public. L’énonciation est tout sauf gommée ou masquée: il y a ainsi réflexion du cinéma sur lui-même, sa place, ses fonctions comme ses techniques. Il s’agit aussi de faire prendre conscience aux spectateurs des mécanismes du cinéma, de son pouvoir sur le réel. Le travail du cinéaste est d’ailleurs présenté comme similaire à celui de tous les travailleurs/ travailleuses évoqués dans le film : la main à caméra vaut la main à charrue et réciproquement. » Emile Simonnet
« Dans L’homme à la caméra, le montage devient le vrai protagoniste parce qu’il influe sur le regard du spectateur – Vertov applique la célèbre phrase de Duchamp qui veut que ce soient «les regardeurs qui fassent le tableau». Ici, le spectateur contribue au film. Mieux, c’est peut-être le premier film dans lequel il peut se voir à l’écran. Cette idée selon laquelle cinéma vient du mot «kinéma» qui en grec signifie mouvement est illustrée dans cette scène mémorable où l’homme à la caméra filme les passagers d’une voiture, l’image soudainement s’arrête et Vertov nous emmène dans une salle de montage où une femme assemble le négatif de ces prises et travaille le développement de ces images pour créer le mouvement. La séquence de la monteuse montant le film est elle-même montée. Cet élément renvoie à un événement purement autobiographique où, à partir de cet instant, le cinéaste a compris les fondements même du cinéma. Marqué par la Révolution qu’il a rejoint en 1918, Vertov a commencé à toucher une caméra en devenant le monteur d’un journal d’actualité. Jusqu’en 1919, il a réalisé une bonne quarantaine de documentaires. A la fin de cette année, il devient correspondant de guerre. Alors qu’il est dans le train menant vers le front sud-ouest, les passagers se font projeter à chaque arrêt son film L’anniversaire de la Révolution qui constitue un montage de ses films d’actualité. Parallèlement, il filme le voyage. Cet univers dimensionnel (enregistrer sur bobine la réalité nue et parallèlement des spectateurs confrontés au pouvoir d’une fiction) l’a marqué au point d’en vouloir rendre compte dans L’homme à la caméra. »
Romain Le Vern – excessif.com
Ce film fondateur a donné lieu à un grand nombre d’études et d’essais.
Voir entre autres :
description du film plan par plan
dossier excessif.com
Dossier conçu par Bamchade POURVALI, doctorant en cinéma, spécialiste de l’essai film
L’Homme à la caméra
Les projections en entrée libre – dans la limite des places disponibles – se déroulent à Paris, dans le 2e arrondissement, près de la rue Montorgueil :
Salle Jean Dame, Centre sportif Jean Dame17 rue Léopold BellanMetro : Sentier (L3) ou Les Halles