JEUDI 27 OCTOBRE 2011 à 20H ☞ « SHADI », un film de Maryam Khakipour
« SHADI »,
un film de Maryam Khakipour
France – 2008 – 59′
Une troupe comique de Téhéran, chassée de son théâtre, se retrouve à la rue. Emue par le destin des « ouvriers de joie » – c’est ainsi qu’on nomme les comédiens improvisateurs du Siah Bâzi –Ariane Mnouchkine les invite au Théâtre du Soleil. Shadi est la seule jeune actrice dans cette troupe qui a fait rire tant d’Iraniens. Elle va sortir pour la première fois d’Iran. Comme ses collègues, elle se prépare à cette tournée qui les sauvera peut-être. Mais il lui faut d’abord se battre bec et ongles avec son mari pour qu’il lui signe une « autorisation de sortie ». Heureusement, elle a du tempérament. À Paris, la rencontre des ouvriers de joie avec Ariane Mnouchkine inquiète le metteur en scène qui les accompagne. La jeune femme devient l’objet de tous ses soupçons…
« Si tu as un coeur, j’ai le même, si tu as un cerveau, je l’ai aussi, ils sont pareils… Mais ici en Iran ton coeur et ton cerveau valent plus que le mien. » Shadi à son mari
En 2005, Maryam Khakipour réalise à Téhéran son premier film, Siâh Bâzi, kargarân-é shâdi (Siâh Bâzi, les ouvriers de joie) sur la fermeture d’un théâtre perpétuant une tradition locale de Commedia dell’Arte, le théâtre « Nars », le plus ancien de Téhéran. Émue par le film, Ariane Mnouchkine invite la troupe à monter un spectacle au Théâtre du Soleil. La rencontre ne va pas sans problèmes (différences de codes, incompréhension entre les deux cultures, délires paranoïaques sur les traductions, suspicions et susceptibilités) mais l’essentiel n’est pas là. Le théâtre ici n’est qu’un décor, un cadre, pour aborder, par touches successives, le statut de la femme iranienne à travers le portrait atypique d’une jeune actrice, Shadi. La pièce ici se joue dans les coulisses, de Téhéran à la Cartoucherie de Vincennes en passant par les berges de la Seine. Shadi est en rébellion contre son mari, ses infidélités et ses peurs absurdes de l’étranger, contre la passivité de ses collègues, le manque d’audace et l’orgueil déplacé du metteur en scène. Elle entend être maître de sa vie et de son art et son discours, en bousculant les conventions, agit comme un révélateur au sein de la petite communauté exilée quant aux menaces extérieures (la délation calomnieuse) et les peurs intérieures qui paralysent la société iranienne (la toute puissance du mari, l’assimilation de la liberté à la débauche). (Y. L.)
Les projections en entrée libre – dans la limite des places disponibles – se déroulent à Paris, dans le 2e arrondissement, près de la rue Montorgueil :
Salle Jean Dame, Centre sportif Jean Dame17 rue Léopold BellanMetro : Sentier (L3) ou Les Halles