MARDI 7 FÉVRIER 2012 à 19H30 ☞ « PALAZZO DELLE AQUILE », un film de Stefano Savona, Alessia Porto, Ester Sparatore
« PALAZZO DELLE AQUILE »,
un film de Stefano Savona, Alessia Porto, Ester Sparatore
France /Italie – 2011 – 128ʼ
Le palais en échange de la maison : dix-huit familles sans-abri lancent un défi à lʼadministration de la ville de Palerme et occupent pendant un mois le Palazzo delle Aquile, siège de la Mairie. La Maison et le Palais : la dimension privée et les besoins individuels dʼun côté, lʼespace public et le pouvoir politique de lʼautre. Pendant le mois que dure l’occupation, ces deux lieux se superposent, deviennent physiquement et symboliquement un seul espace : lʼéphémère conquête de lʼHôtel de Ville de Palerme dévoile lʼenvers et lʼendroit de ce que nous appelons démocratie.
C’était le dernier recours pour ces dix-huit familles mal-logées à qui la Mairie avait refusé de renouveler l’hébergement en hôtel. Un mouvement démocratique pour le droit au logement commence : avec une banderole « Assemblée permanente » sur la façade et des sans-abris qui dorment et ronflent la nuit sur les bancs du conseil municipal. Mais l’espoir d’un changement ne résiste pas à la réalité politique : la fête religieuse prime sur les urgences sociales, les occupants commencent à se déchirer entre eux, prennent leurs distances à l’égard d’autres mal-logés et se sentent instrumentalisés à des fins politiques. On devine déjà, l’histoire tournera mal pour ces familles… « C’est un film sur la démocratie, avance Stefano Savona, l’un des trois réalisateurs. Sur la relation entre les gens et les élus, sur la représentation politique. Ce n’est justement pas un film social, c’est un film politique. C’est très important. C’est un film qui raconte la relation au pouvoir. »
Des familles récemment expulsées occupent le Palais Municipal de Palerme en Sicile : elles n’en partiront pas tant qu’on ne leur aura pas attribué une maison. Or des maisons il y en a, récemment confisquées à la mafia.Ce pourrait n’être qu’un documentaire politique, suivant jour après jour la lutte de ces familles en nous donnant à voir les enjeux d’un combat légitime récupéré ou dénigré par les partis politiques locaux. Mais c’est beaucoup plus que cela. Nous vivons avec eux dans le Palais, entre plans d’enfants enlaçant les symboles de la « démocratie », au milieu des conflits que génère une saisissante situation, tout cela avec un sens aigu de la mise en scène qui nous plonge dans un récit éminemment cinématographique. Jusqu’à cette séquence dans une église où les familles affrontent à distance le Maire de la ville, qui rappelle les films de mafia ou les meilleurs plans d’un Abel Ferrara. Surtout, le film nous engage dans une réflexion universelle sur le sens et le rôle de la politique dans toute démocratie, nous donnant à voir les rouages d’un système par nature impropre à s’emparer de toute dimension humaine.
Stéphane Arnoux, Cinéaste, pourL’Acid
En savoir plus : Critikat
Les projections en entrée libre – dans la limite des places disponibles – se déroulent à Paris, dans le 2e arrondissement, près de la rue Montorgueil :
Salle Jean Dame, Centre sportif Jean Dame17 rue Léopold BellanMetro : Sentier (L3) ou Les Halles