JEUDI 1er MARS 2012 à 20H ☞ « 93, la belle rebelle », un film de Jean-Pierre Thorn
« 93, la belle rebelle »,
un film de Jean-Pierre Thorn
France – 2010 – 1 h 13′
Une épopée – du rock au slam en passant par le punk et le hip hop – incarnant un demi-siècle de résistance musicale en Seine-Saint-Denis et se faisant porte-voix d’une jeunesse et de territoires en perte d’identité, sous les coups des mutations industrielles, des désillusions politiques et de l’agression constante des pouvoirs successifs. La banlieue – à contrario des clichés – se révèle un espace incroyablement riche de métissages engendrant une créativité époustouflante.
Avec :
Daniel Baudon »Sixties Memory », Marc Perrone, Loran « Bérurier Noir »et « Les Ramoneurs de Menhirs », Dee Nasty , NTM, Casey,B-James, Serge Teyssot-Gay et « Zone Libre », « 93 Slam Caravane »: Abdel Haq, Bams,Grand Corps Malade, Yo et D’ de Kabal
Le film se propose d’inscrire le présent de chaque courant musical dans une histoire des classes populaires, depuis le début des années 60 jusqu’à nos jours. Capter comment chaque période musicale, chaque strate, s’est construite contre la précédente, puis – une génération après – recycle et dépasse les conflits dans une fusion géniale. Il s’agit de filmer l’histoire qui bruisse derrière les destins individuels. « Pour liquider un peuple on commence par lui retirer sa mémoire » (Milan Kundera dans « le livre du rire et de l’oubli »). Pour des jeunes, comprendre que leur histoire individuelle s’inscrit dans une histoire collective, c’est leur donner une distance face à l’hégémonie de l’Histoire « officielle ». C’est comprendre que – même en rupture scolaire ou au chômage – ils ont, eux aussi, une valeur ; qu’il leur faut cesser de croire que « la culture, ce n’est pas pour moi » ou qu’ils seront toujours citoyens de « seconde zone ».Donner à voir et entendre la richesse de la parole ouvrière, les mots et la culture des « sans grade », revaloriser la culture des enfants de l’immigration (la culture Hip Hop en particulier), c’est permettre à une jeunesse (aujourd’hui exclue et stigmatisée) de se respecter et de prendre conscience de son potentiel.
« Derrière chacun des musiciens qui déroulent cette histoire, il y a celle des paysages et de l’évolution de ce territoire. J’aime l’immensité des espaces de la banlieue : cet enchevêtrement d’architectures en perpétuel mouvement : construit, rasé, remodelé, reconstruit… Et dans ce « no man’s land » fascinant – intervalle de la ville en jachère – l’incroyable surgissement de la nature qui ne cesse de repousser et recouvrir les ruines des industries passées. J’aime les friches, la poésie des squats, la beauté des canaux et voies RER qui transpercent la ville et ouvrent des brèches dans l’imaginaire vers d’autres destins possibles. J’espère, par mes images, rendre compte de cette beauté sauvage, de ces vibrations de couleurs pastel, de ce murmure de la ville quand on la contemple depuis les tours. L’architecture de la banlieue, de ses terrains vagues, respire la vie des gens, l’histoire en renouvellement constant : véritable terrain d’aventure pour « Enfants des courants d’air » (fillm d’Edouard Luntz, Prix Jean Vigo 1960, chef-d’oeuvre occulté du cinéma français). »
En savoir plus : Lectures, Loïc Ballarini – Critikat, Carole Milleliri
Les projections en entrée libre – dans la limite des places disponibles – se déroulent à Paris, dans le 2e arrondissement, près de la rue Montorgueil :
Salle Jean Dame, Centre sportif Jean Dame17 rue Léopold BellanMetro : Sentier (L3) ou Les Halles