JEUDI 25 OCTOBRE 2012 à 20 h Indépendance de l’Algérie, 4 films
Indépendance de l’Algérie
Projection suivie d’un débat avec Dounia Bovet-Wolteche, réalisatrice de Les Racines du brouillard
Films réalisés par 3 jeunes cinéastes lors de l’Université d’été 2012 de la FEMIS
L’université d’été est un programme d’études de deux mois conçu pour des étudiants en cinéma du monde entier. Il permet de découvrir le cinéma documentaire français et de réaliser un film court métrage documentaire, dans le cadre de La Femis, l’Ecole nationale de cinéma de France, tout en découvrant Paris. Trois jeunes cinéastes ont choisi comme sujet l’indépendance de l’Algérie.
Les enfants d’Alger, de Ashim Paul – 10′
L’histoire algérienne sous l’œil de l’enfance. De la musique et des dessins qui en disent plus que l’histoire officielle…
Des vies sous silence, de Ferhat Mouhali – 11’30 »
En Algérie, l’histoire a oublié ces Français qui ont risqué leur vie pour l’indépendance. Un silence qui refait surface cinquante ans après la libération du pays.
Sauce algérienne, de Yacine Hireche – 12’30 »
D’un centre culturel à Gennevilliers à une salle de concert en bord de Seine, découverte des célébrations du 50e anniversaire de l’indépendance de l’Algérie… à l’algérienne.
Les racines du brouillard, de Dounia Bovet-Wolteche
Belgique – 2009 – Noir et blanc – 53 minutes
Axelle est auprès d’Ali qui meurt, dans un hôpital à Paris. En 1954, Ali était condamné à mort par la France à cause de son combat pour l’indépendance algérienne. En 1962, Axelle, à peine arrivée de France, faisait sa connaissance à Alger dans l’euphorie de l’indépendance. Après la mort d’Ali, Axelle retourne en Algérie dans le village ou vit encore sa femme. Sur les traces de leur passé commun, elle écoute l’écho des promesses qui résonne encore. Les racines du brouillard est un récit à trois voix (Axelle, Ali et Dounia qui filme) tourné en super huit noir et blanc.
Producteur: Néon Rouge Productions – Montage: Mathias Bouffier – Image: Dounia Bovet-Wolteche – Son : Alexandre Davidson
Article publié par le site du cinéma belge
Que battent les tambours
Comment parler aujourd’hui de la guerre d’Algérie après des décennies de silence plombé par une raison d’Etat qui n’en finit pas de faire mentir les faits ? La blessure reste ouverte et la mémoire douloureuse. Les enjeux qui relient cette critique en acte du colonialisme à l’actuelle question nationale sont toujours frappés d’amnésie. Et si une parole surgit depuis quelques années, comme pour tenter de faire trace, elle reste très souvent cantonnée aux vérités de l’histoire. Aussi, faut-il saluer Les racines du brouillard, film documentaire de Dounia Bovet, qui évoque, de façon très personnelle, ces années de lutte armée et réussit à conjuguer au présent ce qui généralement se décline au passé.
Axelle a connu Ali alors qu’elle était jeune institutrice en Algérie à la fin des années cinquante. Ali, membre actif de l’insurrection algérienne, a vécu en prison la communauté des camarades et l’horreur d’une sentence de mort sans cesse reconduite. Aujourd’hui, Ali, malade, vit ses derniers jours dans un hôpital en France et Axelle est à ses côtés. Dounia Bovet filme et capte, avec une extrême délicatesse, ces moments qui vont devenir comme le terreau émotionnel de son film. Une histoire singulière va s’ouvrir aux méandres de l’histoire officielle, et comme Axelle revient en Algérie à la mort d’Ali, Les racines du brouillard vont voyager le temps, mélanger les époques, faire surgir, au gré des souvenirs et des situations, non pas une évidence objective de ce qui s’est passé, mais une interrogation toute subjective de ce qui, pour l’heure, nous reste et nous tient de ces années de guerre.
Le film de Dounia Bovet a ce côté expérimental des vraies inventions cinématographiques. Tourné en super 8 avec ce noir et blanc délavé au grain comme fatigué à force de trop vouloir se rappeler, au son toujours asynchrone nous signalant qu’une parole se crée avant de se donner, Les racines du brouillard nous raconte d’abord et avant tout l’histoire d’une femme étonnante. Axelle parle en son off, d’une voix étrange dans laquelle se respire une langue vraie, puissante et rebelle et où Ali vient mêler ses mots aux siens comme pour tresser un récit collectif dont les acteurs deviennent les fantômes qui nous hantent.
Et Dounia Bovet de filmer les retrouvailles entre Axelle et la femme d’Ali en Kabylie, complicité de femmes inscrite dans ces gestes de la terre, dans ces évidences du vivant avec une justesse de point de vue et de positionnement de caméra qui entraînent l’adhésion. Il y a, dans le regard de Dounia Bovet, une sorte de limpidité qui va à l’essentiel et impose une sensibilité qui, à partir de la parole d’Axelle, gagne, et la révolution algérienne, et ce qu’il en est aujourd’hui.
Cinéma de la transmission, film nourri d’une certaine forme de nostalgie volontaire, Les racines du brouillard, en éclairant les questions de révolte et de lutte, fait plus que les sortir des brumes d’un passé occulté, il les porte au présent telle une nécessité vitale, une manière d’appel à prendre parti dans une autre guerre, celle où quotidiennement, nous sommes dépossédés de nous-mêmes. Et que battent les tambours, et que s’allument les feux de joie.
Les projections en entrée libre – dans la limite des places disponibles – se déroulent à Paris, dans le 2e arrondissement, près de la rue Montorgueil :
Salle Jean Dame, Centre sportif Jean Dame17 rue Léopold BellanMetro : Sentier (L3) ou Les Halles