MARDI 4 FEVRIER 2014 à 20 H ▶ Mirage à l’italienne, d’Alessandra Celesia
Mirage à l’italienne,
d’Alessandra Celesia
France – 2012 – 1h30′
Projection suivie d’un débat avec la réalisatrice
“Tu cherches du travail? L’Alaska t’attend”.
Autour de cette annonce parue à Turin, en pleine crise économique, se mêlent les destinées de cinq Italiens qui partagent une même urgence: partir le plus loin possible.
Perdus à Yakutat, dans un no man’s land où le temps semble s’arrêter, c’est un voyage intérieur que ces hommes et ces femmes vont entreprendre. Une vraie aventure d’amitié, de solidarité, où l’on vit. Malgré tout.
« On croirait une fiction, tant le découpage, les choix d’écriture cinématographique, de narration et de montage de ce film sont maîtrisés, pensés, tant ils relèvent d’un travail artistique, né du regard d’un créateur sur le réel. Réalisé par la comédienne et cinéaste Alessandra Celesia et produit par Michel David (Zeugma Films), Mirage à l’italienne est un documentaire de création comme on n’en voit plus beaucoup. Il a été primé dans plusieurs festivals en Italie en 2013. C’est une œuvre originale aboutie, témoignant de l’engagement profond et sur la durée d’une réalisatrice et d’un producteur avec leur sujet. Le film suit cinq habitants de Turin ayant pour point commun d’avoir répondu à une étrange offre d’emploi placardée sur les bus et les tramways de la ville. Il s’agit de partir en Alaska pour travailler au conditionnement des saumons dans la petite ville de Yakutat.
Un ticket pour l’ailleurs
L’annonce peut sembler surréaliste, mais dans l’ex-capitale de l’automobile italienne minée par le chômage, ce sont des centaines de personnes qui se présentent pour décrocher le job et un ticket pour l’ailleurs. « Moi, j’ai la rage, car être triste, c’est baisser les bras face à la vie. Avoir la rage, c’est rester dynamique, avoir envie d’agir, c’est différent », précise un candidat. « Et puis avoir 48 ans, ça n’arrange rien. Mon casier judiciaire est vierge pour l’instant, mais ça risque de ne pas durer… Je ferais bien un carnage chez Kimberly-Clark Italy », lance un autre aux recruteurs, comme un SOS.
Au final, ce sont cinq hommes et femmes aux profils contrastés qui vont embarquer pour l’aventure : Giovana, une ex-toxicomane un peu poète qui exprime sur dictaphone ses idées et son amour à ses enfants qu’elle ne voit plus ; Camilla, une comédienne esseulée qui ne joue pas et qui noie son désarroi dans sa passion pour Marlene Dietrich ; Dario, un jeune homosexuel en rupture avec sa famille ; Ivan, un ancien soldat qui, sous ses dehors de dur à cuire, n’a pas franchement évolué, cache un amour et un dévouement gigantesques pour sa grand-mère ; et enfin, Ricardo, un publicitaire qui voit dans cet Alaska le moyen de fuir, de se vider la tête des idées noires qui l’encombrent depuis la mort de son fils. Mais que vont-ils vraiment faire, au fond, une fois en Alaska ?
Au plus près de leur visage, de leurs mots, de la solidarité qui se crée entre eux à l’autre bout du monde, Alessandra Celesia saisit leurs failles et leur grandeur. Sans commentaire ni pathos, avec une justesse et une sensibilité rares, la cinéaste signe ici un documentaire humaniste, beau comme une fable.«
Hélène Delye – Le Monde
Les projections en entrée libre – dans la limite des places disponibles – se déroulent à Paris, dans le 2e arrondissement, près de la rue Montorgueil :
Salle Jean Dame, Centre sportif Jean Dame17 rue Léopold BellanMetro : Sentier (L3) ou Les Halles