JEUDI 22 JANVIER 2015 à 19h45 ▶ Avoir 20 ans dans les Aurès, de René Vautier
Avoir 20 ans dans les Aurès
de René Vautier
France – 1971 – 90′
Avril 1961. Dans le massif des Aurès, un commando de l’armée française, formé d’appelés bretons, affronte un groupe de l’Armée de libération nationale lors d’une embuscade. Les soldats parviennent à faire un prisonnier mais l’un d’entre eux est blessé au cours de l’accrochage. Instituteur dans le civil, il se rappelle les événements vécus avec ses camarades au cours des derniers mois. Leur opposition à la guerre en Algérie les a conduits dans un camp réservé aux insoumis. Il se remémore la façon dont leur chef a su les transformer, de jeunes Bretons antimilitaristes qu’ils étaient, en redoutables chasseurs de fellaghas, prêts à tuer et y prenant goût. Tous sauf Nono… Une plongée dans les contradictions de la guerre d’Algérie autant que dans celles de l’âme humaine.
Les Mutins de Pangée ont édité un coffret DVD de 15 films réalisés par René Vautier.
Avoir 20 ans dans les Aurès a été restauré en 2012, permettant sa ressortie en salles en octobre 2012.
René Vautier et sa caméra citoyenne
René Vautier est le cinéaste le plus censuré de l’histoire du cinéma français. Sa vie pourrait se résumer à autant d’années de résistance cinématographique. Rebelle et militant, il s’est toujours efforcé de mettre « l’image et le son à disposition de celles et ceux à qui les pouvoirs les refusent ». Et ce n’est pas sans risques qu’il a combattu avec sa caméra citoyenne pour témoigner des luttes de son époque et toujours tenter d’établir un dialogue en images pour agir sur les conflits.
Afrique 50, premier film anticolonialiste français, inaugure le combat de Vautier. Depuis, caméra au poing, il a définitivement choisi son camp : être de l’autre côté, faire face. C’est finalement avec un film de fiction qu’il atteindra la reconnaissance internationale au Festival de Cannes en 1972 pour Avoir 20 ans dans les Aurès.
Témoin crucial de son époque, René Vautier a constamment devancé l’histoire. Quelques années après les Accords d’Evian, André Malraux disait : « René Vautier est un Français qui a vu juste avant les autres ». Aujourd’hui encore, ses films font écho à l’actualité et deviennent des archives d’une extraordinaire diversité (documentaire, fiction, court ou long métrage) qui nous permettent d’éclairer l’histoire contemporaine et de mettre en perspective les crises d’aujourd’hui par l’étude des luttes du passé. René Vautier a connu la censure sur pratiquement toute son œuvre. Le critique Michel Boujut écrivait d’ailleurs à son propos : « C’est le réalisateur qui a eu le plus de problèmes avec la censure… et qui lui a posé le plus de problèmes. »
Avoir 20 ans dans les Aurès
Si le geste, libre, engagé et enragé apparaît aujourd’hui comme une nécessité absolue, l’histoire de la production et de la diffusion de ce film reste tout sauf simple. Avoir 20 ans dans les Aurès pose les bases d’un cinéma de lutte et témoigne d’une guerre que les autorités colonisatrices voulaient sans images, chaque scène est une reconstitution fictionnelle dont peut être vérifiée l’authenticité « par au moins cinq personnes ».
Les projections en entrée libre – dans la limite des places disponibles – se déroulent à Paris, dans le 2e arrondissement, près de la rue Montorgueil :
Salle Jean Dame, Centre sportif Jean Dame17 rue Léopold BellanMetro : Sentier (L3) ou Les Halles