JEUDI 26 MARS 2015 à 20 h ▶ Le semeur, de Julie Perron
Le semeur
de Julie Perron
Canada – 2013 – 77′
En plein cœur des méandres du Kamouraska au Québec, Patrice Fortier vit dans La Société des plantes où il préserve minutieusement, tel un copiste du Moyen-Âge, les semences végétales rares ou oubliées pour en faire des variétés « anciennes du futur ». Patrice jardine en rêvant et transforme ses récoltes en projets artistiques. Au fil des saisons, par la patience de ses gestes, il nous transmet sa passion et ses connaissances tout en constituant sa banque de semences. Ces germes de vie iront pousser dans des milliers de jardin potagers à travers la planète… Ode à la biodiversité végétale et à son patrimoine porté par un semencier original et génétiquement motivé! Attention, l’impossible est en cours…
Le mot de la cinéaste
Ce qui m’intéressait en tournant ce film, outre l’inspiration cinématographique du jardin et la métaphore que représente son microcosme, c’était d’aborder la sauvegarde de notre biodiversité végétale en découvrant un personnage qui porte cet enjeu avec panache. Patrice Fortier est un semeur d’idées qui porte plusieurs rêves. Je me suis introduis dans son univers avec curiosité et respect, en prenant le temps de le découvrir au fil des saisons. Le film l’aborde comme un archétype, un héros du quotidien vivant en synergie avec ses créatures végétales.
Pour accompagner Patrice, il était naturel de privilégier un cinéma artisan en filiation avec la tradition du cinéma direct québécois. Je voulais que l’accent soit mis sur l’aspect sacré et patrimonial de son travail et que la caméra soit attentive à chacune de ses étapes. Autrefois, les paysans plantaient les semences issues de leurs récoltes. Ce geste ancestral tend à disparaître en ces temps où le vivant se brevette. J’ai voulu célébrer les gestes du semencier pour les réactualiser et ainsi rappeler qu’aujourd’hui, replanter une semence est un acte de résistance.
La caméra est le plus souvent fixe et sur trépied ce qui favorise un traitement par tableaux. J’ai accordé une grande importance au cadre, à la lumière et à la couleur, en choisissant minutieusement les angles de prise de vues pour mettre en valeur la relation entre l’homme et la nature. J’ai souhaité que le spectateur s’emplisse de la beauté du jardin et qu’il soit ému par sa somptuosité. J’ai revu les tableaux des grands maîtres de la peinture afin de m’inspirer. Le titre du film fait d’ailleurs référence au célèbre tableau de Jean-François Millet (1851) revu par Van Gogh (1889). La conception sonore était très importante pour ce film ou le silence est toujours habité par des sons. La trame sonore du film est constituée des bruits de la nature ; le vent, le feu, la terre et les semences se mêlant aux sons subtils de la flûte et du violon pour exalter l’univers du personnage et les bruits déjà présents dans son environnement. Outre le travail méticuleux du semencier, le film aborde la douce folie de l’artiste et son exubérance. Fortier transforme ses récoltes en projets artistiques et propose une réflexion sur le processus de sélection et le patrimoine végétal. Il était essentiel de montrer son art et ses « folies » en les intégrant de manière organique dans la mise en scène du film. Avec mes collaborateurs, nous avons fabriqué ce film dans le plaisir, avec une grande liberté de création et beaucoup de minutie.
Ma démarche et celle du semencier s’effectuent dans la durée : il a fallu quatre ans pour faire éclore ce film, le même temps que nécessite la sauvegarde d’une variété rare ou oubliée…
Les projections en entrée libre – dans la limite des places disponibles – se déroulent à Paris, dans le 2e arrondissement, près de la rue Montorgueil :
Salle Jean Dame, Centre sportif Jean Dame17 rue Léopold BellanMetro : Sentier (L3) ou Les Halles