JEUDI 22 OCTOBRE 2015 à 20 h ▶ Le Havre, de Aki Kaurismäki
Le Havre
de Aki Kaurismäki
France/Finlande/Allemagne – 2011 – 1 h 33′
Avec : André Wilms / Kati Outinen / Jean-Pierre Darroussin / Blondin Miguel
Marcel Marx, ex-écrivain et bohème renommé, s’est exilé volontairement dans la ville portuaire du Havre où son métier honorable mais non rémunérateur de cireur de chaussures lui donne le sentiment d’être plus proche du peuple en le servant. Il a fait le deuil de son ambition littéraire et mène une vie satisfaisante dans le triangle constitué par le bistrot du coin, son travail et sa femme Arletty, quand le destin met brusquement sur son chemin un enfant immigré originaire d’Afrique noire.
Quand au même moment Arletty tombe gravement malade et doit s’aliter, Marcel doit à nouveau combattre le mur froid de l’indifférence humaine avec pour seules armes son optimisme inné et la solidarité têtue des habitants de son quartier. Il affronte la mécanique aveugle d’un Etat de droit occidental, représenté par l’étau de la police qui se resserre de plus en plus sur le jeune garçon réfugié.
Il est temps pour Marcel de cirer ses chaussures et de montrer les dents.
Télérama – Thomas Sotinel
« C’est la première fois que Kaurismäki confronte ainsi son univers de fable à une forme d’actualité brûlante : la France d’aujourd’hui, avec sa répression, ses centres de rétention, ses clandestins traqués. Le Finlandais n’a pas pris pour autant un habit de militant. Il reste ce drôle d’artisan artiste qui se décale pour dépeindre le monde de manière burlesque. Un peu poète, un peu peintre – à l’image de son Marcel, qui a l’air de trimballer un chevalet dans son barda. Lui aussi se tient à l’écart, du moins jusqu’à sa rencontre avec Idrissa. La perdition de ce gamin le pousse à l’offensive. La tâche est ardue, les pièges sont multiples. Comme à son habitude, Kaurismäki décrit un monde cruel, mais, à la différence de ses autres films, ici les méchants, tapis dans l’ombre comme ce délateur (Jean-Pierre Léaud), sont moins efficaces.
Ce qui domine, c’est l’élan inattendu et spontané de solidarité clandestine. De l’épicier à la boulangère, chacun y va de son petit geste. La ruelle où se niche la bicoque de pêcheur de Marcel est un petit théâtre en soi. Chaleureux. Protecteur. Une bulle de cinéma. Dans La Vie de bohème, le cinéphile très francophile qu’est Kaurismäki rendait hommage au Paris de René Clair et de Marcel Carné. Là, cela fleure davantage le rétro provincial des années 1950-1960. Un vieux téléphone noir à cadran, une Mobylette bleue, une table en Formica, une R16, et c’est toute une France oubliée que le cinéaste s’amuse à faire ressortir nettement, avec une pointe de mélancolie joueuse plus que de nostalgie. »
Les projections en entrée libre – dans la limite des places disponibles – se déroulent à Paris, dans le 2e arrondissement, près de la rue Montorgueil :
Salle Jean Dame, Centre sportif Jean Dame17 rue Léopold BellanMetro : Sentier (L3) ou Les Halles