VENDREDI 12 FEVRIER 2016 à 19 h 30 ▶ Timbuktu, de Abderrahmane Sissako
Timbuktu
de Abderrahmane Sissako
France/Mauritanie – 2014 – 1h 37′
Accueil en musique avec les percussions de Zaama-Nooma et de jeunes du collectif La Clairière à Saponé
La projection sera suivie d’un débat en présence de Toulou Kiki, actrice principale du film.
Non loin de Tombouctou tombée sous le joug des extrémistes religieux, Kidane mène une vie simple et paisible dans les dunes, entouré de sa femme Satima, sa fille Toya et de Issan, son petit berger âgé de 12 ans.
En ville, les habitants subissent, impuissants, le régime de terreur des djihadistes qui ont pris en otage leur foi. Fini la musique et les rires, les cigarettes et même le football… Les femmes sont devenues des ombres qui tentent de résister avec dignité. Des tribunaux improvisés rendent chaque jour leurs sentences absurdes et tragiques.
Kidane et les siens semblent un temps épargnés par le chaos de Tombouctou. Mais leur destin bascule le jour où Kidane tue accidentellement Amadou le pêcheur qui s’en est pris à GPS, sa vache préférée.
Il doit alors faire face aux nouvelles lois de ces occupants venus d’ailleurs…
Avec Ibrahim Ahmed dit Pino, Toulou Kiki, Abel Jafri, Hichem Yacoubi, Kettly Noël, Fatoumata Diawara
Extraits de critiques
Télérama
« Aux barbares obnubilés par des sacrilèges minuscules (un ourlet de pantalon trop court ou trop long), le film oppose une vision plus vaste. Une interrogation sur l’humanité et la violence. Au milieu d’une étendue d’eau dans le désert, un homme en tue un autre et ce crime n’a rien à voir avec l’islam. Dans ce décor presque biblique, c’est une haine et un meurtre à la Caïn et Abel qui ont surgi, vieux comme le monde. Heureusement, des lois, des valeurs demeurent pour celui qui reconnaît sa faute, pour celui qui pardonne. La sauvagerie n’est jamais devenue la norme. Toutes les tyrannies ont été combattues et celle des djihadistes ne triomphera pas, affirme Sissako. Qui admet seulement leur pouvoir de nous jeter dans un monde chaotique : il le décrit sur le ton de la fable à travers l’histoire d’une vache perdue, qui s’appelait GPS… Pour nous aider à ne pas être désorientés restent l’intelligence, l’esprit, l’humour, le raffinement, la beauté. Toutes les qualités de Timbuktu. » — Frédéric Strauss
Critikat
[…] « Surtout, le rapport de la mise en scène du cinéaste à son sujet réel et grave court le risque qu’on interprète un peu rapidement son vouloir-dire, dans une lecture du film où la première partie nous dicterait « voyez, les islamistes sont des hommes après tout » pour déboucher sur « oui, mais regardez les horreurs qu’ils commettent » – deux idées creuses voire idiotes, on en conviendra [1]. Seulement, ce serait focaliser la lecture sur la représentation des exactions djihadistes, et au passage, négliger des pans importants du récit, en particulier ce personnage de Touareg mû par la nécessité de survivre au point de commettre, au milieu du film, un acte terrible et condamnable quelle que soit l’idéologie. Le seul destin de ce personnage, apparemment déconnecté du sujet tiré du réel, invite à admettre que le regard de Sissako dépasse largement l’actualité retentissante qui a suscité son film pour porter un regard à l’échelle de la communauté humaine en général. Si les islamistes doivent bien être considérés comme des hommes (et non comme des bêtes de foire médiatique), ce n’est pas pour adoucir leur portrait, mais parce qu’en prenant un peu de recul sur cette Terre (comme dans ce saisissant plan large sur le lac où le Touareg et l’homme qu’il vient de blesser mortellement s’éloignent l’un de l’autre, l’un en courant, l’autre en rampant), nous apparaissons tous logés à la même enseigne, voués à la destruction mutuelle pour les motifs les plus dérisoires. L’humanisme n’est pas la complaisance, c’est avant tout la connaissance de son espèce, de son prochain et de soi-même. On ne peut guère douter de celui de Sissako, qui met cette humanité au cœur de Timbuktu. » Benoît Smith
Les projections en entrée libre – dans la limite des places disponibles – se déroulent à Paris, dans le 2e arrondissement, près de la rue Montorgueil :
Salle Jean Dame, Centre sportif Jean Dame17 rue Léopold BellanMetro : Sentier (L3) ou Les Halles