MARDI 3 MAI 2016 à 20 h ▶ Zétwal, de Gilles Elie-Dit-Cosaque
Zétwal
de Gilles Elie-Dit-Cosaque
France – 2008 – 52′
En 1974, alors que la Martinique vit une année charnière, empêtrée dans des mouvements sociaux, un homme, Robert Saint-Rose, a réussi à entraîner derrière lui autorités politiques, scientifiques et autres personnalités locales dans un projet apparemment insensé : construire une fusée afin que le premier Français dans l’espace soit un Antillais, et ainsi redonner sa fierté à un peuple désorienté dans ses problèmes économiques et identitaires. Robert Saint-Rose, bientôt surnommé « Zétwal » – étoile en créole –, bricoleur autodidacte, un temps footballeur, quitte alors sa campagne pour venir s’installer à Fort-de-France. C’est là qu’il développe son projet fou en cherchant à puiser dans l’oeuvre d’Aimé Césaire, le « Cahier d’un retour au pays natal », l’énergie poétique et spirituelle capable de faire décoller sa fusée.
Projection organisée dans le cadre de la commémoration de l’abolition de l’esclavage
Télérama – Samuel Gontier
[…] C’est tout le mérite de Gilles Elie-dit-Cosaque, le réalisateur, d’avoir rendu à Zétwal la noblesse de son ambition. Avec de tous petits moyens, il réussit à donner un souffle épique, une dimension mythologique à cette aventure. Ce n’est sans doute pas un hasard s’il fut graphiste et réalisateur de clips avant de passer au documentaire. Dans Zétwal, tout est parfait : le rythme, le cadre, la lumière, la musique, le montage, l’utilisation des archives (films Super-8 endommagés, images de la conquête spatiale et de l’actualité martiniquaise rendues proches de l’abstraction). Tout en jouant malicieusement des aspects cocasses de l’histoire, Gilles Elie-dit-Cosaque fait preuve d’un profond respect pour ses interlocuteurs et pour son héros. Il évite ainsi la caricature d’un Antillais naïf et loufoque – vous savez bien : les Nègres sont de grands enfants. Non, Robert Saint-Rose n’est pas fou. Il est même remarquablement intelligent. Son projet, pour subversif qu’il soit, n’en est pas moins extrêmement sensé et parfaitement légitime.
Le génie de la poésie aéronautique n’est pas tombé du ciel. Il est le produit d’une histoire, d’une société, d’un peuple. Une histoire d’oppression, une société en crise qui n’offre d’autre choix que de partir, de quitter l’île – « il cristallise presque tous les impossibles, tous les désirs secrets, toutes les potentialités avortées qui étaient et qui sont encore les nôtres », résume Patrick Chamoiseau. Un peuple qui a conservé « un rapport magique au verbe et à la parole, dit encore l’écrivain. Robert Saint-Rose a bien compris l’intention poétique de Césaire : le verbe peut transformer le réel. »
Les projections en entrée libre – dans la limite des places disponibles – se déroulent à Paris, dans le 2e arrondissement, près de la rue Montorgueil :
Salle Jean Dame, Centre sportif Jean Dame17 rue Léopold BellanMetro : Sentier (L3) ou Les Halles