Le monologue de la muette,
de Khady Sylla et Charlie Van Damme

Notre pain capital,
de Sani Elhadj Magori

Le Monologue de la muette 
France/Belgique/Sénégal – 2008 – 45′

Combien sont-elles au Sénégal les petites bonnes à trimer sans avoir jamais l’occasion d’apprendre quoi que ce soit : ni à lire, ni à écrire, ni à compter ? Au bas mot, 150 000, rien qu’à Dakar, où pratiquement chaque famille a une ou plusieurs bonnes. Amy est l’une d’entre elles ; ce monologue est le sien. Au plus proche de la servitude ordinaire qu’elle subit chez ses patrons, tandis qu’elle travaille, mutique, c’est sa parole imaginaire qui se fait entendre. Et, au-delà, celle de toutes les autres.

L’avis de Tënk
C’est au cours d’une résidence d’écriture à Gorée que Khady Sylla développe un projet de film sur la maladie mentale. La productrice française Sophie Salbot, conquise par le personnage et le projet, décide de produire le film magnifique « Une fenêtre ouverte ». Charlie Van Damne en est l’opérateur et deviendra, au fil du tournage, coréalisateur du film. Il assume le même poste aux côtés de la cinéaste pour le film suivant Le monologue de la muette : portrait sans complaisance de la condition des bonnes au Sénégal. La cinéaste nous a quittée en 2013 et laisse une œuvre brève mais intense.

Notre pain capital
France/Sénégal – 208 – 13′

Dans les rues de Saint-Louis du Sénégal, Sani Elhadj Magori, étudiant en Master 2 à l’Université Gaston Berger, s’attache à filmer la chaîne alimentaire qui gravite autour du pain, de sa fabrication jusqu’au marché noir qui irrigue les réseaux de la mendicité.

L’avis de Tënk
Si ce film court, tourné en 3 jours par le nigérien Sani Magori a marqué les mémoires, c’est probablement par le contenu et la dynamique de son récit mené en seulement 13 minutes. Au-delà de l’incessante surprise, il faut retenir le rythme de ce film fondé essentiellement sur l’alternance de séquences qui n’ont de cesse de déjouer nos a priori : on croit suivre la fabrication du pain et l’on découvre les gestes de la faim; on pense que la faim est le mobile et l’on découvre un trafic.