VENDREDI 15 DECEMBRE 2017 à 20 h ▶ Louise en hiver, de Jean-François Laguionie
Louise en hiver
de Jean-François Laguionie
France- 2016 – 1h 15′
A la fin de l’été, Louise voit le dernier train de la saison, qui dessert la petite station balnéaire de Biligen, partir sans elle. La ville est désertée. Le temps rapidement se dégrade, les grandes marées d’équinoxe surviennent condamnant maintenant électricité et moyens de communication. Fragile et coquette, bien moins armée que Robinson, Louise ne devrait pas survivre à l’hiver.
Mais elle n’a pas peur et considère son abandon comme un pari. Elle va apprivoiser les éléments naturels et la solitude. Ses souvenirs profitent de l’occasion pour s’inviter dans l’aventure.
Dossier de presse
« Louise en hiver est sans doute le film le plus intime que j’ai réalisé. Le plus précis aussi, malgré l’absurdité de la situation dans laquelle Louise se trouve, car ses aventures à huit ans, en haut des falaises, ou dans ce bois mystérieux de l’après-guerre, je les ai vécues… Ce n’était pas difficile pour moi de les dessiner. Comme les villas de bord de mer en Normandie où j’ai passé toutes mes vacances. Elles n’ont pas changé. Elles représentent encore un type de vacances légères, protégées des misères du reste du monde, situées dans un temps indéfini où nos habitudes bourgeoises seraient encore intactes face aux angoisses existentielles de ce temps comme la vieillesse ou la montée du niveau de la mer…
Pour le personnage, il fallait imaginer une femme correspondant à la fragilité apparente de la petite ville, et se révélant, comme elle, d’une solidité à toute épreuve. Elle est hors du temps. N’ayant personne avec qui communiquer qu’elle-même (avant sa rencontre avec Pépère), la solution du « journal de bord » était inévitable et trop séduisante pour ne pas être utilisée. Une façon de comparer le point de vue du personnage avec la réalité supposée de ce qui lui arrive. La rencontre avec Dominique Frot, qui n’avait vu aucun dessin avant l’enregistrement, a été déterminante. Elle a su trouver un autre aspect du caractère du personnage, moins conventionnel et plus sincère, allant au-delà de ce que j’espérais. » – Jean-François Laguionie
Dossier pédagogique à destination des enseignants – Lycéens et apprentis au cinéma – Hauts-de-France
Télérama – Guillemette Odicino
En 1979, le huitième court métrage de Jean-François Laguionie, La Traversée de l’Atlantique à la rame, débutait sur une plage. Presque quarante ans et quatre longs métrages plus tard, il dessine toujours la mer. Mais là, plus de bateau : juste une vieille dame, le sable et l’eau. En vacances dans sa bicoque bleue, Louise loupe le dernier train de la saison, alors que le ciel s’assombrit. La voilà seule au monde dans cette petite station balnéaire imaginaire. Commence pour cette mamie, plus résistante qu’elle ne le croyait, une vraie vie de Robinsonne.
C’est le plus beau des voyages immobiles, à la fois invitation à la vie et flirt facétieux avec la mort. Les souvenirs de jeunesse de Louise sont comme la marée : ils se retirent puis reviennent. Et peut-être a-t-elle perdu la tête depuis longtemps… La magie du film est dans ce délicat mystère, ce temps suspendu, troué de flash-back et de rêves. Cette impression d’éternité, de flottement vient aussi du dessin de Jean-François Laguionie. Quand tous les studios du monde se repaissent de couleurs et de technologie, cet héritier de Paul Grimault capte l’essence d’une existence et d’un décor avec des pastels et de la gouache. Grains du papier, grains de sable, vie égrenée en jaune soleil d’hiver et en bleus qui se grisent par vagues : chaque image vibre. L’avenir de Louise ? Tel le cow-boy solitaire, elle a l’horizon devant elle. Et maintenant, elle est armée pour le prochain hiver. Dans une décharge d’objets abandonnés, elle a trouvé un couteau suisse, avec toutes les options habituelles, plus une : il fait aussi pinceau.
Dès les premières images, Louise en hiver happe par la beauté de son graphisme, sa finesse, sa virtuosité discrète (cet art du mouvement humain dont Jean-François Laguionie possède tout autant le secret que Miyazaki), sa science des ombres, du frémissement des herbes sur les dunes, ses coloris subtilement articulés pour créer un univers à la fois réaliste et onirique.
Les projections en entrée libre – dans la limite des places disponibles – se déroulent à Paris, dans le 2e arrondissement, près de la rue Montorgueil :
Salle Jean Dame, Centre sportif Jean Dame17 rue Léopold BellanMetro : Sentier (L3) ou Les Halles