VENDREDI 17 FÉVRIER 2012 à 20H ☞ « Sur le départ », de Michaël Dacheux + « Tremblay-en-France », de Vincent Vizioz
« Sur le départ »,
de Michaël Dacheux
France – 2011- 54′
Mont-de-Marsan, petite ville des Landes. Un soir de juin, deux amis, Piano et Clarinette, se disent adieu. Clarinette part et Piano reste ; ils auront bientôt dix-huit ans. Pendant douze ans, ils se retrouvent à l’occasion des retours de Clarinette dans la ville. Leurs rencontres prennent la mesure du temps qui passe et de leurs sentiments, de leurs attentes et de leurs déceptions.
“Gare de Bordeaux, correspondance ; le TER démarre. Comme à chaque fois, tout remonte, fragments de souvenirs qui bégayent, dans un sentiment mêlé d’oppression et de tendresse. Ce paysage marque encore pour moi un point d’origine, mais qui aurait peu à peu perdu sa force d’arrimage, jusqu’à souvent se diluer dans l’oubli. Oubli naturel autant que volontaire, comme une rupture choisie mais dont le deuil parvient mal à s’accomplir : paradoxe des sentiments face à cette ville natale et à ses habitants avec qui j’ai vécu jusqu’à mes dix-huit ans. De son côté, Mont-de-Marsan voit grandir et voit partir, voit revenir et s’en aller, gardienne inaltérable d’une histoire, à l’image de ces statues disposées un peu partout dans les rues du centre-ville. Je les surprends parfois qui me regardent, comme pour me dire que je ne me débarrasserai pas d’elles si facilement.“
“Avec ses accents “rohmeriens“, ce film délicat, réflexion sur ce que l’amour a été ou aurait pu être, est fort joliment mené. Il y a une intensité et une sincérité confondante dans cette ronde amoureuse qui transcende le cadre inattendu d’une ville de province assoupie. Dans le rôle du duo ami-amant, Adrien Dantou et César Domboy sont parfaits dans la suggestion et l’émotion.“
Avec Adrien Dantou, César Domboy Elise Lhomeau, Christine Leroy
Scénario : Michaël Dacheux, Christophe Pellet – Image : Gaël Lépingle Montage : Anthony Brinig Son : Philippe Deschamps, Gilles Bénardeau Musique : Jean-Christophe Marti Production : Nicolas Anthomé Avec le soutien du CNC (contribution financière), de la région Aquitaine, du Conseil Général des Landes, de la Spedidam, de la Procirep et de l’Angoa.
« Tremblay-en-France »,
de Vincent Vizioz
France – 2010 – 35 mm – 21’40 »
James, un écossais, débarque un soir à Paris. Il est à la recherche de Claire Krapazinski. Sans mesurer l’étendue du chemin qui l’attend, il se lance dans une marche obstinée, en quête d’une lointaine ville de banlieue. Au matin, James se confronte à la femme qu’il est venu trouver.
Un jeune Écossais, James, vient de débarquer à Paris. Baladant sa “cool attitude”, le bonnet vissé sur les cheveux longs, il est à la recherche d’une certaine Claire, qui n’habite plus à l’adresse où il espérait la retrouver. Elle a déménagé en banlieue et, l’heure du dernier RER étant dépassée, James doit se résoudre à rejoindre à pied la lointaine localité de Tremblay-en-France, sans la moindre idée de la distance qu’il lui faudra parcourir. C’est donc d’abord une atmosphère que plante Vincent Vizioz en suivant l’obstiné marcheur le long du canal de l’Ourcq, jusqu’après le lever du jour. Un filmage aux éclairages naturels, jouant de la géographie suburbaine, plonge parfois le personnage dans une semiobscurité, rendant son odyssée volontiers inquiétante (s’agirait-il de “trembler en France”?), surtout lorsqu’il croise différents noctambules, sinon de simples ombres aux abords d’un chantier ou d’un campement de fortune.
Ce n’est pas une promenade de santé, mais bien une quête personnelle que mène James, alors qu’il se trouve quasiment dans l’état de Bill Murray dans le film de Sofia Coppola Lost in Translation. Ne comprenant pas ce qu’on lui dit, il avance au hasard, avec comme seule boussole la conviction intime que le début elliptique du film laisse entrevoir : il aura cru trouver l’amour en la personne de Claire, jeune hôtesse de l’air sans doute croisée lors d’une escale à Glasgow. Une projection fictionnelle intime fait donc avancer le héros, ce qui participe à lui donner une aura poétique, et même romantique. Un Écossais n’est d’ordinaire pas facile à faire bouger de sa terre natale, c’est donc pratiquement l’amour courtois qui a lancé celui-là sur les traces d’une belle ayant pour sa part joué littéralement les filles de l’air. On ne déflorera pas ici le dénouement, mais qu’importe finalement que l’histoire se termine en happy end ou pas : la beauté du geste aura suffi à susciter de l’empathie envers le personnage.
Christophe Chauville – Bref magazine
Les projections en entrée libre – dans la limite des places disponibles – se déroulent à Paris, dans le 2e arrondissement, près de la rue Montorgueil :
Salle Jean Dame, Centre sportif Jean Dame17 rue Léopold BellanMetro : Sentier (L3) ou Les Halles