JEUDI 26 JANVIER 2012 à 20H ☞ « Les rêves dansants, sur les pas de Pina Bausch », de Anne Linsel & Rainer Hoffmann
« Les rêves dansants »
sur les pas de Pina Bausch,
de Anne Linsel & Rainer Hoffmann
Allemagne – 2010 – 89 minutes
En 2008, Pina Bausch, quelques mois avant sa mort, décide de reprendre son fameux spectacle KONTAKTHOF, non plus avec sa troupe, mais avec des adolescents de 14 à 18 ans qui ne sont jamais montés sur scène et n’ont jamais dansé. Ce documentaire est leur histoire …
Le spectacle de danse « Kontakthof » porte à ne pas s’y tromper la marque de Pina Bausch : il y est question des formes de contacts humains, de rencontres entre les sexes, de la quête d’amour et de tendresse avec toutes les angoisses, les aspirations et les doutes qui en font partie. Il y est question des sentiments qui constituent un grand challenge, particulièrement pour les jeunes.
Pendant presque un an, des adolescents de onze écoles de Wuppertal ont entrepris un voyage émotionnel. Chaque samedi, quarante lycéens de 14 à 18 ans ont participé aux cours de danse dirigés par deux danseuses de la troupe de Bausch, Jo-Ann Endicott et Bénédicte Billiet, et supervisés avec intensité par Pina Bausch en personne.
Le film d’Anne Linsel et Rainer Hoffmann accompagne le processus des répétitions jusqu’à la première. Nous voyons les jeunes lors de leurs premières tentatives encore maladroites pour transposer les thèmes du spectacle dans le mouvement et la chorégraphie jusqu’à trouver leur propre forme d’expression corporelle. Ils se découvrent eux-mêmes au cours d’un processus qui les conduit à un dépassement personnel significatif. Des contacts doux et timides, mais aussi agressifs, sont condensés en autant d’expériences individuelles que beaucoup de ces jeunes font sur la scène pour la première fois.
Pina Bausch a constamment encouragé les jeunes danseurs à « être eux-mêmes». Derrière leurs mouvements se révèlent les angoisses, les sentiments, les désirs et leurs « rêves de danse ». A la fin, chacun d’entre eux a non seulement grandi mais il est surtout devenu plus confiant en soi, plus indépendant et plus sceptique vis-à-vis des préjugés.
Pina Bausch est décédée le 30 juin 2009. LES RÊVES DANSANTS montre les dernières prises de vues et la dernière interview de la danseuse et chorégraphe célèbre dans le monde entier.
Une pièce laboratoire
« C’est de cette matière que se nourrit la danse de Pina Bausch, et la grande réussite du film est de montrer, en se recentrant sur une poignée d’adolescents et quelques scènes clés, la mue du processus. « Kontakthof est un lieu où l’on se rencontre pour lier des contacts, affirmait Pina Bausch. Se montrer. Se défendre. Avec ses peurs. Avec ses ardeurs. Déceptions. Désespoirs. Premières expériences. Premières tentatives. De la tendresse, et de ce qu’elle peut faire naître. » Pour la chorégraphe, cette pièce était un laboratoire. En 1999, elle l’avait déjà remise sur le métier avec des acteurs de plus de 65 ans dont elle voulait qu’ils la façonnent avec leur expérience de la vie. Avec les jeunes, une spirale harmonieuse, très émouvante, prend forme au fil des répétitions, dans laquelle se modifient conjointement la connaissance de soi et le rapport aux autres.
Le film montre les adolescents qui dansent, la manière dont les corps se dégourdissent, dont la maladresse s’efface, mais plus encore, les auteurs se concentrent sur leurs visages. Des personnalités s’affirment, des personnages apparaissent dont on comprend, comme le dit l’une des répétitrices, qu’ils ont déjà tout vécu : l’amour, l’humiliation, la haine, pour celle-ci la guerre, pour celui-là la discrimination ethnique, pour celle-là encore la perte d’un père.
Toute cette mémoire, consciente ou inconsciente, vient modeler les mouvements des corps. Le travail de Pina Bausch et de ses deux assistantes, on le comprend, consiste d’abord à en ouvrir les vannes et à la canaliser. En adoptant, comme ils l’ont fait, une position modeste, extrêmement attentive et respectueuse vis-à-vis de leurs personnages et du travail qu’ils étaient en train d’accomplir, Anne Linsel et Rainer Hoffmann signent un film à mi-chemin entre une comédie musicale et un teen-movie qui aurait intégré une dimension tragique. Une belle manière de célébrer la vitalité de la danse de Pina Bausch. »
Isabelle Régnier pour Le Monde
Critiques : Telerama – Critikat
Les projections en entrée libre – dans la limite des places disponibles – se déroulent à Paris, dans le 2e arrondissement, près de la rue Montorgueil :
Salle Jean Dame, Centre sportif Jean Dame17 rue Léopold BellanMetro : Sentier (L3) ou Les Halles