JEUDI 17 DÉCEMBRE 2009 à 20H ☞ « Un dragon dans les eaux pures du Caucase », de Nino Kirtadzé
« Un dragon dans les eaux pures du Caucase »,
de Nino Kirtadzé
Situé au cœur de la plus belle vallée de Géorgie, le petit village de Sakiré est en pleine ébullition. Un gigantesque pipeline, véritable « dragon crachant le feu », va bientôt le traverser de part en part moyennant une compensation en dollars… Un conte moderne sur la rencontre de deux mondes que tout oppose ; une comédie humaine tragi-comique au sein d’une petite communauté prise dans les tourments de la mondialisation…
« Un hameau cerné par les montagnes dans la vallée de Borjomi en Géorgie. Un gros 4×4 fait son apparition. A son bord, un document à signer. Il s’agit d’une proposition de prix pour racheter leurs terres situées sur le tracé d’un immense projet d’oléoduc traversant l’Azerbaïdjan, la Turquie et la Géorgie. Méfiants, ou carrément hostiles, les propriétaires accueillent le représentant de la société pétrolière comme un ennemi. Il faut dire que, depuis que les travaux ont été annoncés, c’est la vraie pagaille au village : les jalousies vont bon train, les habitants accusent leur chef d’avoir compté plus de familles indemnisables que n’en possède réellement le village, des réunions plus ou moins secrètes ont lieu à chaque coin de rue… Et la peur s’est installée : la crainte d’être englouti par un glissement de terrain et surtout que l’eau, dont la pureté est la fierté de toute la vallée, soit polluée. Des risques qui comptent bien plus que les pauvres sommes que leur offre la société pétrolière, non ? De discordes en grosses engueulades jusqu’au procès, Nino Kirtadzé conte la cocasse histoire d’un petit village désorganisé qui résiste, comme il peut, à une machine internationale déjà lancée. Au centre de toutes les zizanies : l’argent. Promesse d’un avenir meilleur qui aurait pu sortir le village de la misère, la construction de l’oléoduc est devenue l’objet de toutes les mesquineries. Un jeu de dupe dont chacun prend son parti : pour valoriser leur terrain, les propriétaires font passer des pousses de jeunes arbres pour des cerisiers de sept ans ; la compagnie pétrolière, quant à elle, use des médias et se cache derrière « l’importance mondiale du projet ». Une guerre inéquitable entre deux mondes, qui aboutit à une parodie de procès et au déboutement des villageois. Résultat : le chantier creuse la montagne tandis que ces derniers se chamaillent encore… Comédie réjouissante qui s’amuse des brouhahas, des disputes et de la folie douce d’un village confronté à l’étranger et la puissance industrielle, Un Dragon dans les eaux pures du Causase décrit avec humour, et un rare talent de dramaturgie documentaire, le combat perdu d’avance d’un petit village face au dragon de la mondialisation. »
Barbara Levendangeur
Bio-filmographie
Nino Kirtadzé est née à Tbilissi en 1968 et y a poursuivi des études universitaires. Elle est conseillère à la Présidence de la Géorgie, avant de devenir correspondante pour le Caucase de l’AFP, de l’AP et à Radio Free Europe. Elle s’oriente ensuite vers le métier de comédienne (Les mille et une recettes d’un cuisinier amoureux en 1996) avant de s’emparer de la caméra et de réaliser elle-même :
– Les trois vies d’Edouard Chevardnadzé en 57 minutes (2000),
– Il était une fois la Tchétchénie en 58 minutes (2002), qui obtient l’Adolf Grimm Golden Award en Allemagne et le Rudolf Vrba Award, One World Festival de Prague,
– Staline par Staline en 70 minutes et « Les funérailles d’un dieu » en 90 minutes (2003),
– Dites à mes amis que je suis mort en 90 minutes (2004), qui obtient le FIPA d’Or et le Prix Louis Marcorelles,
– Un dragon dans les eaux pures du Caucase en 90 minutes (2005), qui obtient l’European Film Academy Award de Berlin, le Grand Prix du Festival Visions Réel et le Templeton de Nyon, le Prix Europa,
– Lettre Py en 15 minutes (2005) pour « Scènes de vie » sur Arte,
– Le village des fous – la démocratie dirigée en 90 minutes (2006).
Les projections en entrée libre – dans la limite des places disponibles – se déroulent à Paris, dans le 2e arrondissement, près de la rue Montorgueil :
Salle Jean Dame, Centre sportif Jean Dame17 rue Léopold BellanMetro : Sentier (L3) ou Les Halles