VENDREDI 17 MAI 2013 à 20 h ▶ Louise Bourgeois
Louise Bourgeois : l’araignée, la maîtresse et la mandarine,
de Marion Cajori et Amei Wallach
États-Unis – 2009 – 1h38
Avec Louise Bourgeois, Jerry Gorovoy, Frances Morris
Une incursion dans l’univers de Louise Bourgeois, dont l’oeuvre protéiforme traversa les 20ème et 21ème siècles. Louise Bourgeois a côtoyé les principaux mouvements artistiques, tout en préservant farouchement son indépendance d’esprit, et sa manière incroyablement inventive et troublante. L’artiste lève le voile sur ses secrets d’enfance, source de ses traumatismes, qui se reflètent dans ses sculptures et ses installations, dont la caméra explore la troublante magie.
Lire le dossier de presse : Louise_Bourgeois_dossier_presse
» Les araignées géantes de l’artiste américaine Louise Bourgeois trônent au quatre coins du monde, de Tokyo à Londres en passant par Paris, Bilbao, New York… Ces sculptures métalliques noires et monumentales, qu’elle réalise depuis le début des années 1990, ont des grandes pattes anguleuses qui enserrent l’espace de jardins publics, de salles de musées, de halls de multinationales…
Louise Bourgeois, 97 ans, est devenue la femme artiste la plus célèbre du monde en construisant une oeuvre nourrie de terreurs enfantines, dont les deux figures les plus saillantes sont la mère araignée et le père phallus (rebaptisé « fillette » par sa créatrice).
Le beau film-portrait que lui consacrent la critique d’art américaine Amei Wallach et la réalisatrice Marion Cajori joue sur le contraste entre ce petit bout de femme, dont le destin a épousé celui de l’art du XXe siècle, et les icônes démesurées qu’elle lui a offertes.
De forme en apparence modeste, le film est centré sur son personnage, filmé dans l’intimité de son atelier, dans l’antre chaleureux et angoissant que constituent ses installations, et qui magnétise la caméra par l’intensité du verbe et de son regard bleu acier. Ce parti pris restitue avec justesse le dialogue qu’elle a créé entre sphère de l’intime et sphère mythologique.
Louise Bourgeois se promène dans les rues de New York en manteau rose fluo et se livre avec franchise, sans sourciller, sans jamais trop en dire non plus, dévoilant au fil des séquences une personnalité bouillonnante et une détermination qui laisse groggy.
Entre la grande histoire et la petite, un parcours se dessine, celui d’une enfant née à la veille de la première guerre mondiale et abîmée à jamais par ce cataclysme. Appelé au front, son père en est revenu transformé, prenant sa gouvernante comme maîtresse et l’installant à domicile. Blessure originelle, triple trahison – de son père, de sa mère passive et de sa gouvernante -, cette histoire qu’elle a racontée pour la première fois dans une vidéo réalisée pour sa rétrospective au Musée d’art moderne de New York (MoMA), en 1982, cimente son oeuvre. Elle est au coeur de ce film qui intègre subtilement de curieuses images d’archives où une troupe de mutilés de guerre s’adonne à une joyeuse chorégraphie sur fond de chansons de l’époque.
Mais cette histoire est aussi celle d’une prise de pouvoir sur le monde, qui commence par une prise de pouvoir sur soi. Arrivée à New York en 1938, où elle a suivi son mari, l’historien de l’art américain Robert Goldwater, et fréquenté les surréalistes en exil, Louise Bourgeois s’est mise à la sculpture sur le tard, pour tuer l’ennui de ses journées passées seule à la maison.
Sa reconnaissance fut tout aussi tardive, au cours des années 1970, quand elle avait 60 ans révolus et que son travail, après avoir longtemps été occulté par la vague de l’art abstrait, commençait à intéresser critiques et galeristes. »
Isabelle Régnier – Le Monde
Les projections en entrée libre – dans la limite des places disponibles – se déroulent à Paris, dans le 2e arrondissement, près de la rue Montorgueil :
Salle Jean Dame, Centre sportif Jean Dame17 rue Léopold BellanMetro : Sentier (L3) ou Les Halles