VENDREDI 11 OCTOBRE 2013 à 20 H ▶ Pour la suite du monde, de Pierre Perrault et Michel Brault
Pour la suite du monde
de Pierre Perrault et Michel Brault
Canada – 1962 – 105 minutes
En hommage à Michel Brault, « inventeur » du cinéma direct.
Pour la suite du monde fait partie de La Trilogie de l’Île-aux-coudres, trois films de Pierre Perrault, édité en DVD par les Editions Montparnasse.
L’Île-aux-coudres se situe dans l’estuaire du fleuve Saint-Laurent, non loin de Québec. La population a longtemps vécu de la pêche aux bélugas, pratique abandonnée dans les années vingt. Pierre Perrault, accompagné d’une équipe de l’Office National du Film, arrive en 1962 dans l’île pour filmer cette pratique ancestrale, ravivée pour l’occasion.
Passionnant entretien avec Michel Brault, enregistré le 14 octobre 2003, à la Cinémathèque Québécoise, Montréal
Film sur Michel Brault, réalisé par Rina Sherman, à acheter en ligne : MICHEL BRAULT Le cinéma c’est ce qu’on veut en faire
Extrait de l’article de Jacques Mandelbaum, pour Le Monde, publié le 23 septembre 2013
« Il est rare que la mort d’un homme évoque une naissance. C’est pourtant le cas de Michel Brault, cinéaste canadien né le 25 juin 1928 à Montréal, mort samedi 21 septembre à Toronto, à l’âge de 85 ans des suites d’un malaise cardiaque. Il est probable que seul un petit nombre de cinéphiles s’en souvienne encore, mais Michel Brault est un de ceux qui furent à l’origine de cette révolution copernicienne du cinéma nommée dans les années 1960 le « cinéma direct ».
Une technique et une esthétique aujourd’hui si bien partagées qu’on oublie qu’il n’en fut pas toujours ainsi. Son synchrone, caméra légère, émancipation du commentaire didactique et de décennies de propagande idéologique, imprimèrent à ce medium une liberté, une prise sur la vie, une palpitation, un élan jamais atteint jusqu’alors. Le documentaire en fut le laboratoire, avant d’atteindre les rives de la fiction.
Le meilleur en sortit – la Nouvelle Vague, le reportage sur le vif – le pire aussi : l’information galvaudée, le broyeur télévisuel. Pour resituer Michel Brault dans le contexte de cette naissance, il faut rappeler que la constellation du direct était à la fois américaine (D.A. Pennebaker, Richard Leacock), française (Jean Rouch, Mario Ruspoli) et canadienne (Michel Brault, Pierre Perrault). Pour être un peu cuistre s’agissant d’un mouvement aussi manifestement général, il convient tout de même d’inverser l’ordre qu’on vient de donner.
LA CAMÉRA À L’ÉPAULE
C’est au Canada, et plus particulièrement à Brault, que revient la primeur chronologique de cette naissance, avec le court-métrage coréalisé en 1958 avec Gilles Groulx : Les Raquetteurs. Premier film tourné caméra à l’épaule, l’événement trivial et provincial qu’il capture – une rencontre annuelle de raquetteurs à Sherbrooke – ne doit pas être sous-estimé. Car le geste, qui annonce d’une certaine manière certains essais plus tardifs de Jean Eustache, est à la fois esthétique et politique.
(…)
On emportera surtout, pour la route, cet hommage de Jean Rouch, qui collabora avec lui sur le légendaire Chronique d’un été (1961), au sacré défricheur que fut Michel Brault : « Il faut le dire, tout ce que nous avons fait en France dans le domaine du cinéma-vérité vient de l’ONF (Canada). C’est Brault qui a apporté une technique nouvelle de tournage que nous ne connaissions pas et que nous copions tous depuis ». Plus nombreux que jamais sont aujourd’hui les cinéastes qui font du Brault sans le savoir. »
Les projections en entrée libre – dans la limite des places disponibles – se déroulent à Paris, dans le 2e arrondissement, près de la rue Montorgueil :
Salle Jean Dame, Centre sportif Jean Dame17 rue Léopold BellanMetro : Sentier (L3) ou Les Halles