MERCREDI 24 JUIN 2015 à 20 h ▶ Des abeilles et des hommes, de Markus Imhoof
Des abeilles et des hommes
de Markus Imhoof
Suisse – 2012 – 1 h 30
Avec Fred Jaggi (apiculteur), John Miller (apiculteur), Heidrun et Liane Singer (apiculteurs), Professeur Randolf Menzel (neurobiologiste), Zhang Zhao Su (ouvrière pollinisatrice), Fred Terry (apiculteur)
Entre 50 et 90% des abeilles ont disparu depuis quinze ans. Cette épidémie, d’une violence et d’une ampleur phénoménale, est en train de se propager de ruche en ruche sur toute la planète. Partout, le même scénario : par milliards, les abeilles quittent leurs ruches pour ne plus y revenir. Aucun cadavre à proximité. Aucun prédateur visible.
Arrivée sur Terre 60 millions d’années avant l’homme, l’Apis mellifera (l’abeille à miel) est aussi indispensable à notre économie qu’à notre survie. Aujourd’hui, nous avons tous de quoi être préoccupés : 80% des espèces végétales ont besoin des abeilles pour être fécondées. Sans elles, pas de pollinisation, donc pratiquement plus de fruits, ni légumes.
Il y a soixante ans, Einstein avait déjà insisté sur la relation de dépendance qui lie les butineuses à l’homme : « Si l’abeille disparaissait du globe, l’homme n’aurait plus que quatre années à vivre. »
Extrait du dossier pédagogique réalisé par Zéro de conduite
Avec son titre en forme de clin d’œil à un célèbre roman de John Steinbeck, Des abeilles et des hommes raconte comment les relations étroites entretenues depuis des millénaires entre deux espèces sont, aujourd’hui, mises en péril par la cupidité dévorante de l’une des deux. Menant une enquête aux quatre coins du monde, il montre que les conséquences de cette rupture sont bien plus vastes que la seule interaction entre deux espèces : elles ont et auront un impact important sur l’ensemble des relations entre les êtres vivants dans leur biotope (écosystème). Depuis longtemps, Homo sapiens, entretient des relations fortes avec Apis mellifera. Cette abeille, domestiquée, assure la production du miel mais surtout permet la pollinisation des plantes à fleurs que l’Homme cultive pour son alimentation. Scientifiques et apiculteurs se sont rendus compte que les populations d’abeille diminuaient drastiquement dans des régions où l’Homme pratique l’agriculture intensive. Le rôle des abeilles étant prépondérant dans la production des ressources alimentaires mondiales et dans l’équilibre des écosystèmes, il est urgent de s’intéresser aux causes de cette extinction, avant qu’elle ne devienne définitive.
Cet excellent documentaire fournit des informations scientifiques rigoureuses et claires, adaptées aux programmes de Collège et de Lycée et permettant aisément son exploitation en classe, de la 6ème à la Terminale. Ses images souvent spectaculaires, tournées en prises de vue réelle (même si parfois il s’agit d’une réalité reconstituée) permettent de plonger au cœur de l’univers de la ruche afin de comprendre les causes de la disparition massive de ces insectes pollinisateurs. On ne saurait donc trop conseiller son étude, d’autant que cet hyménoptère attire généralement la sympathie et la bienveillance du public, tandis que sa cousine, la guêpe, concentre toutes les peurs.
Entretien avec Markus Imhoof
Pourquoi avoir consacré un film à la disparition des abeilles ?
M.I. : Mon but n’était pas seulement de faire un documentaire. Je voulaispermettre au public de s’émerveiller devant les abeilles. L’abeille est l’animal de mon enfance. Mon grand-père, producteur de confitures, élevait des colonies. Mais ce n’était pas une raison suffisante pour faire un film. En revanche, chercher des pistes de réponse à leur disparition l’est. On a envie de défendre ce que l’on connaît et que l’on aime.
Comment avez-vous réussi à filmer les abeilles d’aussi près ?
M. I. : Nous avons tourné 105 heures d’images en macro et des séquences au ralenti de façon à ce que l’œil humain arrive à capter tous les mouvements. Comme une abeille bat des ailes 250 fois par seconde, les scènes où on les voit voler ont été filmées avec un très grand ralenti (300 images par seconde). Ainsi, à l’écran, on peut voir chaque battement en détail. Parfois, nous avons aussi dû inventer des caméras pour filmer certaines séquences, en utilisant des instruments de médecine par exemple.
Les abeilles vous ont-elles attaqué ?
M. I. : Je me suis fait piquer plusieurs fois. Et pour le cameraman, c’était encore pire. Surtout le premier jour. Nous avons débuté le tournage avec les abeilles tueuses. Sous le voile de protection, nous avions placé un masque d’Arlequin. Sinon, les abeilles rentraient par le trou et nous piquaient le nez. Cela dit, j’aime bien les abeilles tueuses, car elles ne sont pas obéissantes. Elles nous poursuivaient parfois sur 2 kilomètres. Mais chaque essaim a son propre caractère. Nous choisissions les plus dociles.
Les projections en entrée libre – dans la limite des places disponibles – se déroulent à Paris, dans le 2e arrondissement, près de la rue Montorgueil :
Salle Jean Dame, Centre sportif Jean Dame17 rue Léopold BellanMetro : Sentier (L3) ou Les Halles