VENDREDI 11 SEPTEMBRE 2015 à 20 h ▶ Hiroshima, mon amour, de Alain Resnais
Hiroshima, mon amour
de Alain Resnais
France – 1959 – 1 h 30′
Avec Emmanuelle Riva , Eiji Okada , Bernard Fresson
Une jeune actrice française se rend au Japon en 1957 pour tourner un film pacifiste à Hiroshima. Elle s’éprend d’un architecte japonais. Pendant 24 heures, ils se perdent, se cherchent et se retrouvent. Au matin de leur première nuit d’amour, en le caressant, elle lui griffe l’épaule. Ses gestes lui rappellent un autre amant, le premier, un soldat allemand. C’était à Nevers, durant la Seconde Guerre mondiale. Il fut tué sous ses yeux, elle fut tondue. Les souvenirs douloureux d’hier se superposent au quotidien de la ville martyr. Sous le ciel d’Hiroshima, la mémoire de l’amour défunt nourrit l’amour naissant…
« Après Nuit et brouillard, Hiroshima mon amour vient confirmer que l’oeuvre d’Alain Resnais est (et sera) marquée par l’omniprésence de la ruine. Avec son premier long métrage, Alain Resnais affirme à nouveau qu’il est possible et nécessaire, même après la seconde Guerre mondiale, l’Holocauste et la bombe atomique d’Hiroshima, de vivre, d’aimer et donc de filmer. Mais, cela ne pourra se faire qu’au milieu des ombres et des fantômes du temps.
Avec Marguerite Duras, Alain Resnais imagine un film « qui ne serait pas directement lié à la bombe d’Hiroshima mais où celle-ci serait présente en arrière-fond et où les personnages ne participeraient pas directement au drame mais soit s’en souviendraient, soit en éprouveraient les effets « .
Sur les ruines d’Hiroshima, dans une ville de désolation traumatisée par une cicatrice indélébile, Resnais et Duras vont donc tenter de faire renaître une histoire d’amour. Les deux auteurs imaginent une relation adultère entre un Japonais et une Française à Hiroshima, qui va réveiller chez la jeune femme le traumatisme d’une autre histoire d’amour impossible avec un soldat allemand, à Nevers, pendant la guerre. Deux villes, deux temps, deux personnages et deux imaginaires vont donc s’entrelacer dans la ville d’Hiroshima, quatorze ans après la catastrophe nucléaire.
Dès lors, Hiroshima mon amour, film fondé sur le paradoxe temporel et sur l’amour contrarié, ne pourra qu’entretenir des liens étroits avec le mythe d’Orphée ainsi qu’avec la célèbre adaptation de Jean Cocteau.
Personnage célèbre de la mythologie, Orphée perd sa femme Eurydice, le soir même de son mariage. Inconsolable, Orphée tente alors l’impossible : rejoindre le monde souterrain des morts, fait de silences, d’ombres et de ruines, pour ramener sa femme dans le monde des vivants. La requête d’Orphée est acceptée par les Dieux à une condition : Orphée ne doit pas croiser le regard d’Eurydice avant d’avoir rejoint la surface. Commence alors la longue traversée d’Orphée et d’Eurydice pour rejoindre le monde des vivants. Mais, à peine sorti du monde souterrain, Orphée se retourne trop tôt, et regarde une dernière fois Eurydice, restée sur le seuil, disparaître à jamais.
Hiroshima mon amour proposera cette même traversée impossible, ce même cheminement paradoxal, à contresens du temps, qui s’apparente à la résurrection d’un amour mort. Aidée par son amant japonais, la jeune femme va donc déterrer des souvenirs douloureux enfouis depuis longtemps et faire remonter à la surface, c’est-à-dire à la conscience, un amour mort. Bref, la jeune femme va ouvrir une parenthèse du temps, croire à l’amour fou et défier la mort. »
Luc Lagier, critique, auteur de l’ouvrage Hiroshima mon amour (Cahiers du Cinéma – les petits cahiers – Scérén – Cndp)
Les projections en entrée libre – dans la limite des places disponibles – se déroulent à Paris, dans le 2e arrondissement, près de la rue Montorgueil :
Salle Jean Dame, Centre sportif Jean Dame17 rue Léopold BellanMetro : Sentier (L3) ou Les Halles