MARDI 6 OCTOBRE 2015 à 20 h ▶ Cinéma documentaire, fragments d’une histoire
Cinéma documentaire, fragments d’une histoire
de Jean-Louis Comolli
2014 – France – 55 minutes
Une traversée du cinéma documentaire des frères Lumière à Guy Debord. En puisant dans les images qui composent ces trois quarts de siècle, Jean-Louis Comolli a fait le choix de films qui l’ont traversé depuis cinquante ans, répondant ainsi à la commande : découvrir « son » histoire du cinéma et particulièrement du cinéma documentaire. Savante partition visuelle orchestrée par une voix-off (la sienne) égrenant les thèmes qui lui sont chers – la place du spectateur, la fiction dans le documentaire, l’impact de l’évolution technique sur l’artistique… -, le film tisse entre les extraits d’imprévisibles fils.
» Si tous les extraits choisis sont des diamants noirs, son engagement politique révèle les lignes de force du genre. En intégrant des vues fixes et sa main écrivant les idées déterminantes sur un carnet, le cinéaste critique nous laisse le temps de réfléchir. Or cette réflexion est justement la ligne de démarcation qui sépare le cinéma d’auteur dont il est l’un des ardents défenseurs et le cinéma de distraction (entertainment comme disent les Américains). Ses références sont lumineuses tel Walter Benjamin précisant « le fascisme est l’esthétisation de la politique et le communisme est la politisation de l’esthétique » comme Comolli compare la manière de tourner de Dziga Vertov et celle de Leni Riefenstahl. Il rend évidemment hommage à L’homme à la caméra, comme aux frères Lumière, à Flaherty, Van der Keuken, Rouch, Buñuel, Franju, Pialat, Debord, Resnais, Drew, Leacock, Sidney Bernstein, au groupe Medvedkine, à Ivens et Loridan, Le Masson et Deswarte, Vittorio de Seta, Brault et Perrault, Imamura… Les extraits qui passent sur la table de montage font choc. Certains provoquent et révoltent, d’autres bouleversent ou épatent, mais tous font sens. Les grands moments de l’Histoire du XXe siècle sont formidablement résumés en quelques secondes, de la Révolution de 1917 à Mai 68 en passant par la prise de Barcelone par les troupes anarchistes, les camps de concentration allemands, l’assassinat de J.F.Kennedy, la guerre du Vietnam… Les plans choisis correspondent parfaitement à l’idéologie que chaque évènement véhicule. La chronologie s’arrête en 1975 quand la télévision accède au pouvoir. »
Jean-Jacques Birgé
Jean-Louis Comolli : « Le cinéma est à venir. […] Nous sommes encore à l’aube du cinéma, tant est fort le désir d’histoire. L’œuvre du capitalisme néolibéral consiste à disloquer les liens des choses entre elles, les liens des hommes avec les autres hommes et les liens des hommes avec les choses. Sous le régime de la dislocation, notre réponse consiste à recoller les morceaux. La nécessité du cinéma est là : dans ce puissant désir d’histoires. »
Les projections en entrée libre – dans la limite des places disponibles – se déroulent à Paris, dans le 2e arrondissement, près de la rue Montorgueil :
Salle Jean Dame, Centre sportif Jean Dame17 rue Léopold BellanMetro : Sentier (L3) ou Les Halles