JEUDI 8 FEVRIER 2024 à 19 h 30 : Kumva, ce qui vient du silence, de Sarah Mallégol
Kumva
Ce qui vient du silence
de Sarah Mallégol
France – 2022 – 1h 48’
Rwema, Grâce, Mizero, Noël, étaient enfants au moment du génocide des Tutsis de 1994 au Rwanda. Ils interrogent leurs souvenirs d’enfance et cherchent à libérer la parole pendant que dans la nuit rwandaise, un chant monte, signe d’une renaissance. Dans l’intimité des familles, parfois pour la première fois, chacun tente de reconstituer les images effacées et de trouver la voie vers un apaisement des mémoires. Kumva, ce qui vient du silence raconte la nécessité de redonner chair aux morts et de jeter un pont entre le passé et le présent.
Notes de la réalisatrice
Je reviens au Rwanda trente ans après l’avoir quitté. Plusieurs voyages ont été nécessaires pour cerner ma recherche : comment se construire au présent quand le pire a eu lieu ?
Cette question, universelle, est devenue pour moi une question de cinéma. Faire revivre le souvenir peut permettre de réparer. En psychiatrie et dans les sciences cognitives, on appelle cela « la mémoire autobiographique ». Sans elle, après l’horreur, il est difficile de retrouver l’intégrité de notre existence. Cette mémoire s’incarne dans Kumva, ce qui vient du silence par la construction, à plusieurs voix, d’un récit intime. Kumva, ce qui vient du silence est un film sur un univers sensible, sur la force du souvenir, sur la reconstruction qui passe par la remémoration et l’apaisement des mémoires. Je filme des familles où le silence a trop longtemps duré, où l’on cherche à parler, où la vérité est intérieure. Les relations filiales que tissent le film sont douloureuses, complexes, délicates. Rwema, Grâce, Mizero, Noël, étaient enfants à l’époque du génocide en 1994. Leur enfance a été marquée par la mort. Ils ont comme premiers souvenirs les images du désastre : des océans de cadavres, la violence, les cris et les fuites. Trop petits pour se souvenir d’un temps d’avant ils se sont construits non seulement dans le silence des parents – rescapés ou génocidaires -, mais sans aucun moyen de se raccrocher à des souvenirs heureux. Dans la solitude d’une maison en construction ou dans la nuit rwandaise, en famille, parfois pour la première fois, ils tentent de reconstituer les images effacées de leur mémoire : se joue alors devant la caméra la transmission d’une génération à l’autre, les mots du parent à son enfant dont les yeux n’auraient jamais dû voir ce qu’ils ont vu. Kumva raconte comment les souvenirs, même banals, insufflent de la vie. Quels souvenirs, que rien ni personne n’a pu nous enlever, nous permettent de continuer de vivre ?
Les projections en entrée libre – dans la limite des places disponibles – se déroulent à Paris, dans le 2e arrondissement, près de la rue Montorgueil :
Salle Jean Dame, Centre sportif Jean Dame17 rue Léopold BellanMetro : Sentier (L3) ou Les Halles